Pénal
4
March 2021

Nouvelles investigations dans l'affaire du meurtre de Fernando Mourao

Nouvelles investigations dans l'affaire du meurtre de Fernando Mourao

Nouvelles investigations dans l'affaire du meurtre de Fernando Mourao, à Châteaumeillant, "les choses commencent à bouger"

De nouvelles expertises ont été lancées en septembre 2020 dans l’affaire du meurtre de Fernando Mourao, à Châteaumeillant. Des investigations qui pourraient être un tournant majeur dans ce dossier ouvert depuis cinq ans.

Les cartes pourraient être redistribuées dans l’affaire Fernando Mourao, ce retraité de Châteaumeillant abattu à son domicile de quatre balles, dont deux dans la tête, dans la nuit du 24 au 25 mars 2016.

La nouvelle donne pourrait venir, dans un premier temps, des investigations lancées en septembre 2020 sur décision de la chambre de l’instruction saisie en septembre 2019 par Me Juliette Chapelle, l’avocate de quatre des parties civiles du dossier.

« Nous avons un certain nombre de retours. »

Me Juliette Chapelle (avocate des parties civiles)

« Nous avons un certain nombre de retours, les choses commencent à bouger », confie Me Chapelle qui explique avoir notamment demandé des investigations supplémentaires « sur l’ADN ».

Pour autant, « il manque encore beaucoup d’éléments », estime l’avocate. « Nous attendons un certain nombre de choses, confirme Joël Garrigue, procureur de la République de Bourges. Un certain nombre de pièces reviennent, mais tout n’est pas encore rentré. »

Notre dossier sur l'affaire Mourao

Pour l’heure, Gilles Tourny, voisin et ami de Fernando Mourao, reste le suspect principal. Mis en examen en février 2017 pour meurtre, il a été libéré le 2 juin 2017 et placé sous contrôle judiciaire après quatre mois de détention. Gilles Tourny a toujours clamé son innocence. Le mobile d’anciennes relations extraconjugales (il y a plus de 30 ans, Gilles Tourny et l’ex-femme de Fernando Mourao avaient eu une liaison, tout comme Fernando Mourao et l’épouse de Gilles Tourny) avait constitué une piste pour les enquêteurs.

Une femme et son conjoint avaient également tous deux été mis en garde à vue dès les débuts de l’enquête, avant d’être relâchés sans poursuite judiciaire. Les deux suspects avaient pu fournir des éléments disculpants. Fernando Mourao avait eu des relations sexuelles avec cette femme qui était tombée enceinte. Le retraité avait d'ailleurs entamé des démarches pour faire valoir sa paternité.

« Des trous dans la raquette »

« Il y a des lacunes dans l’enquête, fustige Roger-Marc Moreau, détective privé sollicité par la fille de Gilles Tourny. Pendant qu’on s’interroge sur Tourny, on abandonne toutes les autres pistes. De nombreux éléments essentiels n’ont pas été pris en compte. Des impasses ont été faites. » Ce que dénonce, aussi, Me Chapelle : « Il y a un vrai manque des autorités. Il y a des trous dans la raquette et un temps perdu inadmissible de la part de la justice. »

« Il y a des lacunes dans l’enquête. Pendant qu’on s’interroge sur Tourny, on abandonne toutes les autres pistes. »

Roger-Marc Moreau (détective privé)

L’avocate regrette notamment que ses demandes d’actes n’aient été réalisées qu’en septembre 2020, soit un an après leur dépôt auprès de la chambre de l’instruction, et ce alors que la juge d’instruction avait un délai de quatre mois pour les faire réaliser.

« Lever un peu plus le voile sur ce dossier compliqué »

Pour Me Eugène Bangoura, avocat d’autres parties civiles qui s’était associé aux demandes de Me Chapelle, « il est clair que les investigations auraient dû être menées plus rapidement. Il a fallu retourner devant la chambre de l’instruction, et c’est regrettable ». Me Karine Berthon, autre avocate de parties civiles, ne souhaite, elle, pas s’exprimer.

« Ce dossier a connu de nombreux et difficiles aléas, liés aux changements de magistrats instructeurs, et plus dernièrement, au mouvement de grève des avocats et aux difficultés liées à la pandémie, conçoit Alain Tessier-Flohic, président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bourges. Mais cette affaire reste une priorité. »


À la section de recherches de Bourges, qui mène l’enquête, le lieutenant-colonel Christian Robert, arrivé à la tête de l’unité en août 2020, confie vouloir « absolument avancer sur ce dossier » avec ses enquêteurs. Le président de la chambre de l’instruction espère pour sa part que les actes « actuellement en cours » permettent « dans les semaines à venir de lever un peu plus le voile sur ce dossier compliqué ».

Enfin, au-delà des expertises ADN, de nouvelles données sont, aussi, attendues après que Me Sylvain Cormier, avocat de Gilles Tourny, a, à son tour, déposé, en janvier dernier, de nouvelles demandes d’actes, acceptées. L’avocat s’appuie sur les résultats d’une expertise privée démontrant qu’il est possible « d’utiliser certaines techniques pour comparer des traces de résidu de poudre » qui restent sur les lieux et sur les vêtements lors d’un tir par arme à feu. « Ces méthodes, qui n’ont pas été employées, pourraient donner des solutions. »

Marion Lapeyre

Lire l'article sur le site du journal Le Berry Républicain

Articles similaires